Les Roms au début du XXIème siècle

crédit photo Rémy GABALDA

crédit photo : Rémy GABALDA

Une histoire des Roms en Europe au début du XXIème siècle….
Qui n’est malheureusement pas une épopée légendaire !

En 1971, le nom de Roms est adopté lors du 1er congrès international des Roms à Londres. Un consensus permet alors d’officialiser cette dénomination et atteste le droit légitime de ce peuple à être reconnu en tant que tel.

Rom signifie « homme accompli au sein de la communauté ou homme marié et parent qui appartient à un groupe de voyageurs ». Cette minorité est de nos jours la plus importante en nombre en Europe ; elle y vit depuis le XVème siècle, voire même avant, tantôt acceptée tantôt rejetée. En France on les appelle aussi gitans, manouches, bohémiens, tsiganes.

Selon des estimations faites par l’European Roma Right Center, ils seraient entre 8 et 10 millions de Roms dans le monde et dont la majorité vit essentiellement en Europe (Balkans, Europe centrale, Europe de l’Est), mais aussi au Moyen-Orient, en Afrique du Nord, en Amérique du Nord et du Sud. Les pays où ils sont les plus nombreux (plus de 5000 000) sont la Roumanie, la Bulgarie, les Pays de l’Ex-Yougoslavie, l’Espagne, la Hongrie, la Slovaquie, la République Tchèque, la Turquie, les États-Unis, le Brésil et l’Argentine. En France, ils seraient entre 350 000 et 500 000 dont la quasi-totalité est de nationalité française.

Beaucoup de Roms continuent à vivre selon leur mode de vie nomade, en voyageant en caravanes, mais souvent, ces communautés sont marginalisées et restent majoritairement exclues du marché de l’emploi, le taux de chômage est élevé, près de 61% qui n’aurait pas d’emplois.

La situation en France critique et majoritairement condamnée…

Avec l’entrée de la Roumanie dans l’Union européenne, le 1er janvier 2007, la circulation des Roms roumains a été facilitée car ils n’ont plus besoin de visa pour entrer en France. Les expulsions de Roms se sont donc considérablement accrues et sont passées de 2 000 en 2003 à environ 8 000 en 2008.

Cependant, jusqu’en 2014, les ressortissants de la Bulgarie et de la Roumanie ne sont pas totalement bénéficiaires du principe de libre circulation européen et, pour travailler officiellement, ils ont besoin d’un titre de séjour et d’une autorisation de travail. De plus, la directive communautaire de 2004 sur la libre circulation des ressortissants de l’UE n’a pas été totalement transposée en droit français, notamment ses dispositions relatives aux garanties accordées aux personnes expulsées.

Depuis 2007, le nombre de reconduites à la frontière de Roms roumains en France se situe entre 8 000 et 9 000 par an, et représentent environ 30 % des objectifs chiffrés de reconduite à la frontière. Ces retours sont en grande partie volontaires, car ils sont assortis de primes (300 € par adulte et 100 € par enfant) et de la prise en charge du billet d’avion. 8 030 Roumains et Bulgares en situation irrégulière ont ainsi été reconduits par la France dans leur pays d’origine entre le 1er janvier et le 25 août 2010.

Crédit photo Rémy GABALDA

Crédit photo : Rémy GABALDA

A partir de l’été 2010, des expulsions massives ainsi que des démantèlements de camps illicites sont organisés sous la présidence de Nicolas Sarkozy, déclenchant le début d’une vaste polémique qui perdure encore ces derniers temps.

Des circulaires du ministère de l’Intérieur à l’attention des Préfets où apparaît la mention « en priorité ceux des Roms », sont diffusées mais condamnées par des spécialistes en droit constitutionnel et par une partie de l’opinion publique. Elle serait aussi potentiellement contraire à la Convention européenne des droits de l’homme qui interdit les discriminations fondées sur la nationalité, la race ou l’appartenance ethnique. En pleine polémique, au cours de l’été 2010, le Pape Benoît XVI et le Parlement Européen critiquent la position de la France.

Le 27 août 2010, c’est au tour du Comité pour l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale (CERD) de l’ONU qui demande à la France de « garantir l’accès des Roms à l’éducation, à la santé, au logement et autres infrastructures temporaires dans le respect du principe d’égalité » et se demande pourquoi elle n’a « toujours pas mis à la disposition des gens du voyage le nombre nécessaire d’aires d’accueil conformément à la loi du 5 juillet 2000 dite loi Besson ».

Avec l’arrivée des socialistes au pouvoir, la situation ne s’est guère améliorée. Les expulsions et les démantèlements ont continué jusqu’à que ce que le ministre de l’Intérieur du nouveau gouvernement réactive la polémique en septembre dernier en déclarant que « seule une minorité des Roms cherche à s’intégrer » et que leur « mode de vie » était en « confrontation » avec celui des populations locales. Manuel Valls a d’ailleurs été vivement critiqué par des membres du gouvernement, des députés européens et la MRAP a déposé plainte contre lui pour « incitation à la haine raciale ». Au début du mois d’octobre, c’est l’expulsion de la jeune collégienne pendant une sortie scolaire qui a ravivé la polémique
Dans un tel contexte, il ne reste plus qu’à rappeler que le coût annuel de la reconduite des Roms pour le budget de la France est estimé entre 200 et 250 millions d’euros (selon les chiffres du Sénat français). Quels que soient les gouvernements qui se succèdent, la France ne parvient pas à trouver de solutions « intelligentes ».

Pourrait-on imaginer que cet argent soit réellement utilisé pour aider ces personnes à vivre plus dignement comme l’exige la loi ?

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