Des artistes inspirés par les Roms

Image Otto MüLLER (1874-1930)

Otto Müller est un peintre et imprimeur allemand, membre du mouvement expressionniste. Sa mère était tsigane, et il s’est intéressé à ce peuple avec qui il a vécu dans les Balkans et qu’il a peint dans les années 1920. Cette série de détrempe et de lithographie sont présentées lors de l’exposition « Art dégénéré » inaugurée à Munich le 19 juillet 1937.  Certaines d’entre elles ont été également exposées à l’exposition Bohèmes au Grand Palais de Paris en 2012.

Quelques éléments de biographie

Dans sa jeunesse, il pratique une peinture assez conventionnelle et  apprend la lithographie (1890-1894) et à partir de 1896 il entre aux Beaux-Arts de Dresde. Puis il poursuit ses études à l’académie des Beaux-Arts de Munich à partir de 1898, mais il est contraint d’abandonner en 1899, après avoir été qualifié d’artiste « sans talent ».

Il se marie avec Maschka Meyerhofer en 1905. Cette dernière lui sert souvent de modèle et reste sa confidente après leur divorce et les deux remariages.

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Un artiste lié aux avant-gardes allemandes des années 1900-1930 : Die Brücke & Blaue Reiter

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Otto Müller, Danseuse avec Nègre, 1903, détrempé sur toile, (91 x 65,5 cm), Collection privée.

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Otto Müller, Marischka au masque, 1919, détrempé sur toile, (95,8 × 67 cm), Musée Folkwang, Essen, Allemagne.

A son arrivée à Berlin en 1908, il se rallie à l’avant-garde et ses premières œuvres sont influencées par l’Impressionnisme, le Jugendstil et le Symbolisme. Puis il va se tourner de plus en plus vers l’expressionnisme après s’être installé à Berlin en 1908. C’est à cette époque qu’il fréquente le milieu artistique berlinois et il commence à peindre les corps de jeunes filles nubiles qui caractérisent son art, tout comme les détrempes qu’il aime utiliser dans ses œuvres.

En 1910, il rejoint le groupe d’artistes expressionnistes dresdois « Die Brücke », auquel il appartient jusqu’à leur séparation en 1913 en raison de dissensions artistiques. Dans le même temps, Müller entretient également des contacts avec les artistes du « Blaue Reiter ». Il développe son goût pour les couleurs tamisées à l’effet lyrico-décoratif.

Il s’engage volontairement dans l’armée allemande lors de la Première Guerre mondiale et participe aux combats en France et en Russie. Il contracte une pneumonie en 1917, qui manque de lui coûter la vie. Après la guerre, en 1919, il devient professeur à l’Académie nationale des Beaux-Arts de Breslau et se rebelle contre « le conformisme bourgeois » et s’attache au cercle bohème de Breslau.

Après 1918, il se voue à l’étude des Tsiganes au cours de voyages qui le mènent jusque dans les Balkans (Sarajevo et Split) où il est accueilli et peut vivre parmi eux comme un des leurs. Il rapporte sur ce peuple des toiles de plus en plus documentaires, mais toujours traitées dans le même style. Ces portraits de gitanes qu’il réalise au cours des années 1920 constituent le paroxysme artistique de son œuvre.

Otto Müller meurt en 1930 à Breslau.

En 1937, les nazis saisissent 357 de ses œuvres dans les musées allemands, qu’ils considèrent comme de l’Art Dégénéré. Certaines seront exposées lors de l’exposition « Art Dégénéré«  à Munich en juillet 1937.

Otto Müller, Bohème avec enfant, 1926, détrempé sur toile, (129,5 x 96,5 cm), Collection privée.

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Otto Müller, Allongée, 1926, détrempé sur toile, (60 x 89,5 cm), Collection privée.

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Otto Müller, La Madone bohémienne, 1926, détrempé sur toile, (87 × 70,5 cm), Hessisches Landesmuseum, Darmstadt, Allemagne.

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Otto Müller, Deux tsiganes, 1926, lithographie. 

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Otto Müller, Bohème de profil, 1926-1927, lithographie, (56 x 43,4 cm), Collection Karsch.

 

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Otto Müller, Deux Bohèmes assises et dénudées, 1926, détrempé sur toile
(100 x 138 cm), Museo Thyssen-Bornemisza, Madrid, Espagne.

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Otto Müller, Deux Tsiganes dans leur intérieur (avec chat), 1928, (144×109 cm)

Le style Otto Müller

Otto Müller se distingue par le lyrisme qui se dégage de son œuvre, dont le sujet principal est l’harmonie entre les humains et la nature. Il opte pour une élégante simplification des formes, mais ne s’en écarte jamais ainsi que pour un choix de la couleur et du contour. Il possède une technique spéciale (peinture à la colle sur toile de jute). Cette technique rend les couleurs mates et assourdies, même lorsqu’elles obéissent à l’esthétique des oppositions pures à peine modulées. Il est par excellence un peintre de nus à la fois tranquilles et un peu tristes, aux visages vipérins et aux regards félins, placés en toute innocence dans des décors paradisiaques. Une grande sobriété se dégage de son œuvre, elle fait ainsi place aux émotions. Ses portraits, tout comme ses paysages, sont dominés par un calme profond.

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Otto Müller, Paysage, 1924, détrempé sur toile, (77 x 105,5 cm), Musée Folkwang, Essen, Allemagne.

MelGab, octobre 2013.

 

 

 

 

 

 

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