Des artistes inspirés par les Roms

Film de Tony Gatlif, Liberté, 2010.

Tony Gatlif (né en 1948) est un réalisateur de cinéma français engagé pour la cause tsigane qui est le sujet principal de ses films. Il s’attache tout autant à l’image qu’à la bande-son, la musique étant pour « cette liberté qui donne le souffle de faire les films, le souffle d’aller à la rencontre des autres dans le monde ». Ces plus grands films sont Latcho Drom, Gadjo Dilo, Vengo, Swing, Transylvania ou encore Liberté et Indignados, (le dernier sorti en 2012).

Quelques éléments de Biographie

Tony Gatlif, est né à Alger en 1948, de père Kabyle et de mère gitane. Il arrive à Paris dans les années 60, en pleine Guerre d’Algérie et après des temps difficiles, suit des cours d’art dramatique et rencontre Michel Simon. Il joue dans des pièces de théâtre et réalise son premier film en 1975, La Tête en ruine. Très rapidement, il s’attache dans ses films à traiter la cause gitane même s’il ne souhaite pas être associé à une communauté en particulier préférant se qualifier de « méditerranéen ».

Tony Gatlif, Liberté, 2010

Synopsis
Théodore, vétérinaire et maire d’un village situé en zone occupée pendant la seconde guerre mondiale, a recueilli P’tit Claude, neuf ans, dont les parents ont disparu depuis le début de la guerre. Mademoiselle Lundi, l’institutrice fait la connaissance des Tsiganes qui se sont installés à quelques pas de là. Ils sont venus pour faire les vendanges dans le pays. Humaniste et républicaine convaincue, elle s’arrange, avec l’aide de Théodore, pour que les enfants Tsiganes soient scolarisés.
De son côté, P’tit Claude se prend d’amitié pour Taloche, grand gamin bohémien de trente ans qui se promène partout avec son violon sur l’épaule. Mais les contrôles d’identité imposés par le régime de Vichy se multiplient et les Tsiganes, peuple nomade, n’ont plus le droit de circuler librement : Théodore cède alors un de ses terrains aux bohémiens, désormais sédentarisés.
Tandis que les enfants Tsiganes suivent les cours de Mademoiselle Lundi, P’tit Claude est de plus en plus fasciné par le mode de vie des Bohémiens – un univers de liberté où les enfants sont rois. Mais la joie et l’insouciance sont de courte durée : la pression de la police de Vichy et de la Gestapo s’intensifie et le danger menace à chaque instant. Comme ils l’ont toujours fait depuis des siècles, les Tsiganes devront reprendre la route…
Voir la bande-annonce et des extraits sur le Site de Première :

http://www.premiere.fr/film/Liberte-1372621

Un film qui traite du sujet presque inconnu des Porajmos, nom donné à la déportation des Gitans en France sous l’Occupation.

Tony Gatlif est le cinéaste des Gitans et, depuis plus de 30 ans, il filme  » sa famille « . Gadjo Dilo, le film qui l’a rendu célèbre, a montré une nouvelle image, grandiose et émouvante, du peuple rom. Liberté, son premier film historique, fait référence, dans une grande fresque émouvante, l’histoire de la déportation des Gitans en France sous l’Occupation.
Ce film est plus qu’une reconstitution, c’est une véritable restitution historique. Enfin, les Gitans peuvent à leur tour commémorer cet événement tragique de leur histoire qu’on s’est acharné à ignorer et mésestimer depuis trop longtemps et que l’on appelle Porajmos.
Tony Gatlif va encore plus loin dans ce film qui dépasse le simple sujet historique, il parvient à prendre de la distance avec le pathos pour nous parler de l’état de liberté permanent qu’incarnent les Gitans, ainsi que de leur formidable pouvoir de libération des contraintes et des normes sociales qui ne sont pas fixées par leur communauté.
La pensée philosophique occidentale associe le concept de liberté à une vision manichéenne : « négative » où la liberté n’est que conséquence de la nécessité (Spinoza, Nietzsche…), et « positive », où la liberté est un acte conscient de l’âme (Pascal, Kant…). Tandis que pour les Tsiganes, le concept de liberté est unique, on est et on naît nécessairement libre, et rien ne peut entraver cette liberté – pas même une guerre mondiale.
Mais Liberté de Tony Gatlif c’est aussi un film duel à la fois sur l’enfermement et la libération, les sédentaires et les nomades, la guerre, l’oppression, la tentation d’une société toujours plus policée. Ce film nous rappelle tout simplement qu’il n’y a pas de liberté sans libération.
Enfin, au-delà, ce que tente de nous dire le cinéaste, c’est qu’aujourd’hui dans nos sociétés, il n’y a plus réellement besoin de se libérer, mais il faut installer un « état de liberté ». Et c’est à cela que l’état postmoderne devrait s’employer.

D’après l’édito de Marc Benaïche, février 2010, Mondomix.
http://www.mondomix.com/video/grand-entretien-avec-tony-gatlif-liberte-egalite-tsigane

MelGab, Octobre 2013.

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